Paralympiques: deux combattants dans l’équipe ukrainienne de volley-assis, les jeux ne font pas oublier la guerre

Publié le : 01/09/2024 – 10:23Modifié le : 01/09/2024 – 11:40

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L’équipe d’Ukraine espère battre ce dimanche soir l’Allemagne après un premier match perdu vendredi contre les Iraniens, champions en titre. 

L’équipe pourra compter sur son numéro 2 : Yevgen Korinets. Ancien ambulancier au sein de l’armée, il a été blessé par l’explosion d’une mine à Bakhmut en mars 2023 et amputé de sa jambe gauche. On lui propose alors de faire son sport favori, le volley. Le volley-assis. 

Il l’assure, au micro de Baptiste Coulon du service France de RFI, ce soir c’est la victoire, que décrochera son équipe, grâce au soutien du public. « Cette équipe à toutes les chances de devenir meilleure et plus forte dans les jours et les années à venir. On s’entraîne dur et on espère que nos performances vont contribuer à développer le sport pour les personnes handicapées en Ukraine.

Vous savez, être ici à Paris, c’est une autre manière de représenter notre pays sur la scène internationale, de dire au monde que nous sommes toujours là, que nous nous battons encore. Et je remarque que sur chaque site de compétition où nous sommes engagés, il y a toujours du public pour nous soutenir. Même quand je ne joue pas, je sens cette ferveur. Ce public qui applaudit nos athlètes quand nous obtenons des médailles, et pas seulement des médailles d’or. Même si pour nous, toutes les médailles valent de l’or. »

Autre joueur de cette équipe, Dmytro Melnyk. C’est sa deuxième participation aux Jeux paralympiques après Rio en 2016. Depuis, la guerre a éclaté. L’armée lui a accordé quelques jours pour jouer à Paris, loin du front, mais le ballon de volley-ball l’a suivi partout. Dmytro Melnyk dit s’être entraîné en frappant sa balle sur le mur d’une ferme abandonnée de l’est de l’Ukraine. Le front, où il était encore il y a quelques jours. « Là dernière fois que j’y étais, c’était le 18 août. Le soir même, je suis revenu à Dnipro. Et de Dnipro, j’ai fait route jusqu’à Paris ».

« J’espère qu’ils seront tous là à mon retour »

Opérateur de drone dans un premier temps, Dmytro Melnyk est aujourd’hui officier. Il commande un peloton d’infanterie. « J’ai démarré ma carrière militaire si l’on peut dire en tant qu’opérateur de drone. Désormais je suis officier », nous raconte-t-il. 

Il a une jambe plus courte que l’autre de 8 cm en raison d’une chute à l’âge de 18 ans, en 2018. Refoulé à deux reprises de l’armée à cause de son handicap, il l’intègre au troisième essai. « Ça m’a pris huit mois de les convaincre que j’étais capable de me battre. Au troisième entretien, j’y suis allé avec un peu de triche, beaucoup de ruse et ça a payé. » Sa jambe gauche, la courte, est touchée par un obus. Il se relève encore.

Si l’armée l’a adopté tardivement, ce n’est en revanche pas le cas de son équipe de volley-assis. « C’est ma seconde famille. Je veux être utile pour l’équipe, donner le meilleur pour elle ».

Mais difficile de garder l’esprit à la compétition, sans penser à ses frères d’armes. « J’ai 35 hommes sous mon commandement. Ils sont en plein enfer et je n’arrive plus à les joindre depuis que je suis en France. J’espère qu’ils seront tous là à mon retour… »

À ses côtés, l’interprète ukrainienne s’effondre en larmes, l’interview s’arrête. Dmytro Melnyk tourne les talons. Un match l’attend dans quelques heures face à l’Allemagne.

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