Les combattantes, quand les femmes font la guerre

Camille Boutron est sociologue et chercheuse, elle vient de publier Combattantes, quand les femmes font la guerre aux éditions Les Pérégrines.

Les combattantes à travers l’histoire

Comme l’explique le rédacteur en chef, Cyril Lacarrière, les femmes au combat, ce n’est pas nouveau. Il y a eu par exemple Jeanne d’Arc, pour qui cela s’est doublement mal fini : elle fut brûlée vive, puis elle est devenue un symbole pour l’extrême droite. Puis, être une combattante va aussi devenir une question de citoyenneté comme le raconte dans son livre l’invitée de l’émission Camille Boutron : « Puisque la citoyenneté est accordée à tout Français servant dans la garde nationale, des femmes vont se mobiliser pour la création d’une garde nationale féminine. » Le 6 mars 1792, une pétition signée par 320 Parisiennes est ainsi envoyée à l’Assemblée nationale, mais ça ne va pas marcher.

Ce n’est qu’en 1909 qu’on permet aux femmes d’être recrutées dans l’armée française, mais pour être infirmière et avoir le statut de personnel civil, il faudra encore attendre près de 30 ans, avant que la loi Paul-Boncour permette à l’État de mobiliser les femmes.

C’est seulement en 1951 que les femmes peuvent entrer dans les trois armées françaises, pour finir, c’est en 1976 que pour la première fois, une femme va devenir générale. Elle s’appelle Valérie André et est toujours vivante. Elle a aujourd’hui 102 ans. Valérie André a aussi été la première femme pilote d’hélicoptère.

Le rôle des femmes en temps de guerre

Il a donc fallu du temps pour que les femmes aient officiellement leur place dans l’armée, notamment en France. Mais avant cela, il y avait déjà des femmes combattantes comme l’explique Camille Boutron : « Il y a toujours eu des femmes combattantes. En termes d’effectifs et quel que soit le moment de l’histoire que vous contemplez, vous allez voir des femmes sur le champ de bataille ou à côté, puisqu’en temps de guerre, il faut aussi faire du renseignement, faire à manger, soigner les blessés et il faut aussi faire naître ces futurs combattants et les maintenir en vie jusqu’à ce qu’ils soient capables d’aller la perdre sur le champ de bataille. Les femmes ont toujours eu leur rôle dans le monde de la guerre. »

Peut-on mener une guerre féministe ?

En écrivant son livre sur les combattantes, Camille Boutron s’est intéressée à une question : est-ce qu’on peut mener une véritable guerre féministe ? « Je me suis interrogée sur faire la guerre, le combat et l’usage de la violence qui sont trois choses différentes. La violence et son usage, c’est le combat et on le voit comme quelque chose de moche. Mais finalement, chaque individu a un droit propre à l’autodéfense. La base du contrat social, c’est l’idée qu’on renonce à faire usage de la violence parce qu’on fait confiance aux institutions pour préserver notre intégrité. La question qui se pose, c’est que si je ne m’intéresse pas à quelle institution nous défendons, mais à qui elle donne le droit d’agir en leur nom, là, les femmes disparaissent. »

La place des femmes dans l’Armée française

Dans son ouvrage, Camille Boutron a consacré un sous-chapitre à la difficulté d’être une femme dans les armées françaises actuellement : « On fait partie des armées les plus féminisées au monde avec 16 % de femmes, mais on reste derrière la Hongrie qui doit être à 50 % et Israël avec 33 % de femmes avec la conscription obligatoire pour tout le monde. En tant que sociologue, on parle de division sexuelle du travail qui est le fait d’associer certaines tâches, fonctions et statuts selon le genre. En gros, les fonctions les plus légitimes et les plus nobles qui vont permettre d’avoir le plus de capital symbolique sont généralement associées aux hommes, et les fonctions les plus routinières, celles qui sont considérées comme allant de soi, sont attribuées aux femmes. On va retrouver cette dynamique dans les armées françaises. Aujourd’hui, on a une femme Générale depuis quelques années donc il y a quand même du progrès, mais ça reste encore très difficile d’avoir des femmes officiers qui sont au niveau de passer Générale et d’arriver à ce moment où elles vont vraiment pouvoir accéder au pouvoir. »

Pour en savoir plus, écoutez l’émission…

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