Le combat d’une mère et sa fille ayant fui l’Ukraine en guerre, un créateur d’une marque humoristique ultra-connue, un saint guérisseur des maux intestinaux… Tout l’été, la rédaction de « L’Orne Combattante » vous partage des histoires drôles, enrichissantes, et aussi poignantes, aux quatre coins du pays de Condé.
L’église ne se montre pas facilement. Dissimulée en contrebas d’une côte, elle est comme l’homme qui patiente à ses côtés : discrète. Tout le contraire de Gerbold, le saint pour qui elle a été érigée.
Un nom de village intrigant
« Vous le connaissez ? Il a eu une influence considérable en Normandie », pose d’emblée Philippe Olive, des documents d’archives bien calés sous le bras. Quand il s’installe à La Chapelle-Engerbold, commune déléguée de Condé-en-Normandie (Calvados), en 1975, l’ancien conseiller municipal est intrigué par le nom du village.
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Il commence ses recherches.
C’est une modification avec le temps du nom Gerbold. Je ne connaissais pas ce personnage avant ça.
La curiosité a toujours été une boussole dans la vie du retraité.
De Sciences Po aux « Rois maudits »
Aussi fouineur soit-il, rien ne prédestinait pourtant Philippe à replonger dans l’histoire sainte. Il a passé une grande partie de sa vie dans les chiffres, expert-comptable pendant une trentaine d’années dans le Quartier latin, à Paris.
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Après avoir tenté l’entrée de la prestigieuse École nationale d’administration (Ena) – « dont je suis finalement recalé », lâche-t-il, amusé -, ce sont les amphithéâtres de Sciences Po qui, à côté des cours de finances, lui font découvrir « le sens de l’histoire, avec un goût prononcé pour la période médiévale ».
Mais c’est surtout la mini-série Les Rois maudits qui va être une révélation. Ce Game of Thrones des années 1970 est l’adaptation des romans de Maurice Druon qui raconte les affrontements de la France du XIVe siècle entre meurtres, adultères et rivalités familiales. Dès ce moment, Philippe revêt l’habit de l’historien autodidacte.
L’association relancée en 2017
Un habit qu’il embarque jusque dans la campagne normande. « Quand j’ai eu du temps libre, j’ai voulu mieux connaître le passé du village », continue Philippe Olive. En 2017, cette soif de savoirs le pousse à relancer l’association des Amis de saint Gerbold.
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Ils seront plus de 200 adhérents au plus fort de son activité. Ensemble, ils retracent la vie du saint.
À son départ, les paroissiens sont pris de maux d’estomac
« C’est un homme qui serait né à Livry, dans le Calvados. Il était évêque de Bayeux au VIIe siècle. Un jour, il se serait fâché avec les paroissiens de Ver-sur-Mer. C’est au cours de cet épisode que naît l’une des nombreuses légendes entourant son existence. »
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Mécontent, le saint aurait jeté son anneau de moine, en menaçant ses disciples de ne revenir que lorsque le bijou aura été retrouvé. À son départ, les paroissiens sont pris de maux intestinaux. L’anneau est retrouvé dans la rivière coulant à proximité. Les maux des habitants disparaissent miraculeusement.
Depuis ce jour, il est prié pour la guérison des dysenteries et des hémorroïdes.
C’est le cas notamment près de Coutances (Manche) où l’association a découvert que les familles ont longtemps prié Gerbold pour soulager les diarrhées des nourrissons.
Des traces de Gerbold dans une cinquantaine de communes
Car en plus de remonter le fil de sa vie, Philippe Olive et les membres de l’association listent tous les lieux en Normandie où le catholique est présent. Calvados, Manche, Orne… Ils retrouvent son nom dans pas moins de 50 communes.
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Même si son culte reste très actif à Ver-sur-Mer (Calvados), où l’histoire de la commune est intimement liée à la légende du saint, d’autres édifices n’ont pas été érigés par hasard, comme l’église qui porte son nom près de Caen.
Pendant des siècles, Venoix n’est qu’un petit village à l’entrée de Caen. Comme Venoix était situé dans les marécages nauséabonds et que les dysenteries y étaient fréquentes, saint Gerbold fut choisi comme saint protecteur.
Passé les problèmes gastriques, quel lien avec La Chapelle-Engerbold ? « Aucun », assure Philippe. « Comme Saint-Germain-du-Crioult tout proche en l’honneur de saint Germain, sans parler des nombreuses églises Saint-Martin, jamais saint Gerbold n’est venu par là. Le fait qu’on le retrouve ici s’explique par l’aura qu’il a eue dans la région. »
Une aura qui a décidément laissé bien des traces.
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