Sous le feu des projecteurs depuis un an et sa victoire expéditive contre le Français Jordan Zébo en 9 secondes, Cédric Doumbé, multiple champion du monde de kickboxing et désormais combattant de MMA, s’est fait très discret ces dernières semaines pour se confier dans un livre autobiographique : KO 1er round, poing à la ligne. Un ouvrage, sorti le 30 octobre, dans lequel le natif de Douala se livre sans partage sur ses joies sportives ainsi que sur sa formidable capacité d’adaptation. Aussi à l’aise dans un ring qu’avec un micro entre les mains, le combattant camerounais voit déjà plus loin que les gants de MMA.
Publié le : 31/10/2024 – 12:55
7 mn
Publicité
C’est un avec un large sourire que Cédric Doumbé, tout de noir vêtu, a donné rendez-vous à RFI dans le restaurant d’un hôtel parisien. Une ambiance calme et apaisée en fin d’après-midi à l’image du combattant-auteur en promotion pour la sortie de son livre. Né au Cameroun, arrivé en France à l’âge de neuf ans puis faisant des escales entre Paris, Avignon et Angoulême, la jeune vie du combattant de MMA n’a jamais été stable. Alors, il a fallu s’adapter vite aux coutumes du milieu dans lequel il devait évoluer : « Je me définis comme un artiste, que ce soit dans le sport ou au cinéma, dans l’humain également. Un artiste engagé pour faire le bien et véhiculer de bonnes valeurs » explique-t-il calmement, les mains posées sur la table.
À lire aussiMMA: entre pression et attente du public, récit d’un retour réussi pour Doumbè à Bercy
Marqué par deux femmes dans sa vie, sa grand-mère figure importante dans son éducation ainsi que sa mère avec qu’il n’a pas vécu l’entièreté de son enfance, Cédric Doumbé veut marquer la différence entre l’as du trashtalk (ndlr : l’art de provoquer son adversaire) avant les combats et l’homme qui se camoufle derrière ce masque : « J’ai toujours eu une grande ambition : réaliser mes rêves. Je veux faire changer les choses, laisser une trace indélébile et véhiculer de bonnes choses, parler de moi en bien. C’est très difficile, mais c’est le but d’une vie, s’affairer à cette tâche précise ».
Être un exemple pour toute une génération. Cédric Doumbé attache beaucoup d’importance au combat personnel : le sien, lutter contre les violences faites aux femmes. Paradoxal, il est vrai, quand on connait le métier du Camerounais : « En essayant de devenir un exemple, on s’impose des choses. C’est bien beau de gagner des combats, mais si cela sert simplement à gagner de l’argent, c’est dommage » précise-t-il avant d’ajouter : « Ce talent doit me servir pour défendre des causes très faciles, car la visibilité est là. On peut être un vecteur de messages. Je veux lutter contre ces violences-là à mon échelle ». Inspirer la plus jeune génération, voilà la mission que se donne Cédric Doumbé même s’il confesse que la société actuelle ne ressemble pas à celle d’il y a 20 ans : « Les valeurs de rigueur, d’abnégation se sont perdues dans les générations actuelles. Je veux qu’on rattrape, qu’on sauve les pots cassés. La génération réseaux sociaux veut tout vite, l’argent facile sans fournir aucun effort. Chaque travail mérite salaire et si on veut arriver à de grandes choses, il faut faire des sacrifices ».
Cette notion de sacrifice est récurrente dans l’autobiographie du champion des sports de combats. Ses premières années à la boxe, adolescent, ses voyages en Irlande et aux Pays-Bas pour perfectionner son kickboxing. Cédric Doumbé a pris des risques, a misé gros pour réaliser ses rêves. À 32 ans, le combattant plusieurs fois champion du monde du Glory, une des organisations de sports de combats les plus connues, voit la vie autrement, et à travers l’islam, religion qu’il découvre en 2020 durant la pandémie de Covid : « Avant, je ne voyais que par le combat. Je me suis rendu compte avec ma conversion que le monde était plus vaste, qu’il y a des objectifs dans la vie qui nous dépasse. Ça a tout changé dans le fond. On se rend compte que les priorités ont changé, certaines choses ont pris de la valeur, d’autres en ont perdu », admet-il en fixant son livre du regard. Le combat a désormais une tout autre signification pour le Camerounais : « C’est un paradoxe, car il y a certaines choses dans l’islam qui sont interdites. Cette règle de ne pas frapper au visage, je la découvre durant ma conversion parce que j’étais sportif avant l’islam. C’est un combat perpétuel entre moi et moi-même. On doit faire des choix, c’est ce paradoxe que je voulais partager avec les lecteurs. ».
« Le MMA français a besoin de moi »
Programmé pour remporter la ceinture de champion au PFL, l’organisation qui monte en MMA, Doumbé n’a pas digéré sa défaite face à Baki au mois de mars 2024 et cette affaire de l’écharde dans le pied que le combattant a su retourner en sa faveur sur les réseaux sociaux. Alors que le public français s’attend à une revanche rapide, le Camerounais a fait preuve de plus de mesure dans son livre. « La flamme est moins forte qu’avant et c’est normal. J’ai tout gagné dans ma discipline de prédilection. C’est du bonus pour moi le MMA. La revanche, je ne la cherche pas, car ce n’est pas une défaite, c’est une injustice. Je n’ai pas besoin de ce combat-là, si j’étais à la place de mon adversaire, j’aurais eu honte de remporter le combat comme ça. De voir que l’adversaire se satisfait de cela, je le laisse entre lui et lui-même, lui et sa conscience. Je n’ai pas besoin de prouver quelque chose, si les gens sont contents comme ça, tant pis pour eux », déclare-t-il en fixant son manager David Foucher attablé à ses côtés, avant de surenchérir : « Le MMA français a besoin de moi, mais personne ne m’a soutenu dans cette injustice. Personne ne fait ce que je fais en termes de divertissement en France et dans le monde, c’est du jamais vu. Je vais beaucoup manquer au sport français, je comprends pourquoi des gens paient pour me voir perdre. Ils veulent voir du divertissement, un artiste et passer un bon moment ».
Le sens du spectacle qui amène logiquement Cédric Doumbé à afficher de nouvelles ambitions. Le cinéma français lui fait les yeux doux : « J’ai toujours pour objectifs d’être le meilleur dans ce que je fais. Si demain, je suis acteur, je ne me contenterai pas d’être un acteur lambda. Je ferais tout pour décrocher un Prix, ce qui n’est pas facile. Je ne veux pas de rôle de combattant, je veux être plutôt là où on ne m’attend pas. Que les gens se disent : « Doumbé est un superbe acteur » », assure-t-il en riant. À la question de savoir quel rôle lui irait à merveille, le combattant ne pouvait pas manquer de citer l’une de ses pièces de théâtre favorite, Cyrano de Bergerac : « ce serait un beau challenge de jouer un Cyrano noir, peut-être qu’il était noir Cyrano, on ne sait pas », Cédric Doumbé ne laisse rien au hasard : « Plutôt le drame, un rôle comme Will Smith dans Je suis une légende ».
Cédric Doumbé, Poing à la ligne, K.O. 1 round, Éditions Marabout
Cet article a été prélevé d’internet par la rédaction de acvg-chalons.fr pour la bonne raison que ce dernier figurait dans les colonnes d’un blog dédié au thème « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne ». Cette chronique a été générée de la manière la plus complète que possible. Pour émettre des observations sur ce dossier autour du sujet « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne », merci de contacter les contacts indiqués sur notre site web. acvg-chalons.fr est une plateforme numérique qui compile de nombreux posts publiés sur le web dont la thématique principale est « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne ». En visitant de manière régulière nos pages de blog vous serez informé des futures annonces.