Relation franco-algérienne : la figure d’Abd el-Kader ravive le chantage mémoriel d’Alger

Ne manquant jamais une occasion de culpabiliser la France pour son passé colonial, le pouvoir algérien s’est emparé de la frénésie de la restitution des œuvres d’art pour jeter de nouveau l’opprobre sur son voisin méditerranéen.

Ce fétichisme consistant à « relocaliser » l’art dans le pays d’origine, le réduisant à sa seule culture vernaculaire, peut étonner. La restitution, devenue réparation, se transforme alors en nouvelle prise de guerre. Peu importe que sa rétrocession soit juridiquement discutée, ce qui compte, c’est de démontrer la prédation occidentale. Le président Tebboune fait du « retour » de reliques de l’émir Abd el-Kader, figure algérienne du XIXe siècle, la condition de sa venue en France.

Ses prédécesseurs étaient moins sourcilleux pour venir profiter d’une villégiature discrète chez l’ex-puissance colonisatrice. Cette réclamation surjouée sert à raviver la « rente mémorielle ». La vie de l’émir, élevé au rang d’icône, n’échappe pas aux classifications faciles. Quand l’Algérie ne célèbre que le combattant de la nation, la France le dépeint en humaniste cosmopolite.

En revendiquant surtout les armes de l’émir, l’Algérie ne veut honorer que le résistant à la conquête française et gommer son rôle spirituel. Pourtant, son engagement religieux rappelle que la guerre d’Algérie, entamée dans l’esprit des moudjahidines dès le XIXe siècle, est d’abord un djihad dont s’inspire le premier manifeste pour l’indépendance des années 1930.

Longtemps confronté aux islamistes, le pouvoir FLN préfère insister sur sa stature politique sous-entendant la préexistence d’un État à la colonisation française. En réalité, Abd el-Kader ne domine que quelques concessions faites par l’armée, de manière tribale et nomade. Enseigné à l’école, le récit du héros algérien reste controversé de ce côté de la Méditerranée. D’aucuns lui reprochent d’avoir préféré la reddition au sacrifice suprême.

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Mais si l’historiographie française insiste sur sa « soumission », Abd el-Kader n’a pas rendu les armes, il les a déposées volontairement pour préserver son peuple. Gêné par cet encombrant voisin, le sultan marocain refuse de lui porter secours.

La France voit en lui un héros romantique, trahi, exilé et emprisonné avec sa « smala » à Ambroise. L’attachement sincère que lui portent des Français, comme la Légion d’honneur octroyée par son « libérateur » Napoléon III, ne suffit pas à effacer la douleur de sa captivité. Devant l’empereur, le sultan de l’Algérie jure de renoncer aux armes et de se laver de la politique « à l’eau et au savon ».

L’Algérie n’a pas les même degrés d’exigence selon les pays

Retiré en Syrie, il se consacre à la prière et à l’étude des croyances. Sauvant par son charisme des milliers de chrétiens menacés de mort à Damas, Abd el-Kader est l’objet d’un véritable culte œcuménique que semble conforter sa brève initiation maçonnique. Il n’en reste pas moins jusqu’à sa mort un musulman sûr de sa foi qui n’a fait que respecter le serment de protéger la condition humaine dans toute sa diversité.

Il n’en fallait pas plus pour que la commission de réconciliation lancée par le président français en fasse une icône universaliste. Le projet, non dénué d’intérêt, se heurte aux réalités des exigences algériennes peu disposées à une mémoire partagée de l’émir.

Le gouvernement algérien ne choisit pas ses icônes en fonction de la réalité historique, mais de sa conformité au discours anticolonialiste. Le pieux penseur Abd el-Kader n’intéresse pas le pouvoir algérien qui soumet son « héros » à un droit d’inventaire pour ne garder de lui que sa dimension martiale et perpétuer la haine de la France. L’Algérie n’a ainsi pas exigé de la Turquie, son ancien colonisateur, ou de la Syrie, la même restitution d’effets de son émir.

Victor Hugo chantait un Abd el-Kader « féroce et doux », mais Alger n’y a vu que férocité quand Paris ne voudrait croire qu’à sa douceur. À forcer hâtivement le trait pour en faire, d’un côté, l’instrument de la détestation de la France, de l’autre, le pionnier d’un dialogue irénique entre les deux rives, on freine l’examen dépassionné de notre histoire commune. La réconciliation des mémoires, à laquelle rechignent les dirigeants d’Alger, attendra.

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