Michel Hazanavicius partage à Châlons ses souvenirs du front ukrainien

Le réalisateur Michel Hazanavicius (« The Artist », « OSS 117 : Le Caire, nid d’espions », « Les Infidèles », etc) était déjà venu au festival de cinéma War on Screen (WOS) en 2020, pour présenter le film « The Search » et échanger avec le grand public sur sa vision des conflits dans le monde. Et l’an passé, son premier animé, « La plus précieuse des marchandises », lui aussi inspiré de la guerre, faisait salle comble lors d’une avant-première en clôture de WOS.

« Pour moi, la guerre était quelque chose de lointain »

Cette année, c’est avec sa casquette d’auteur et d’illustrateur qu’il était de retour à Châlons, lors d’une rencontre publique le 8 octobre animée par Antoine Desrues, l’un des programmateurs du festival, pour témoigner de son expérience sur le front ukrainien, en novembre 2023. Une expérience qui, dit-il, a profondément changé son regard sur ce pays. « Pour moi, la guerre était quelque chose de lointain, explique-t-il. Et les Ukrainiens pensaient très exactement comme moi, avant que les bombes ne leur tombent dessus. J’ai eu la démonstration, sous mes yeux, que c’était possible. »

Une vente aux enchères avec la complicité de Tom Hanks et Catherine Deneuve

Michel Hazanavicius s’était rendu plusieurs fois en Ukraine depuis la première offensive russe, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2022. « J’avais aussi organisé une vente aux enchères pour aider ce pays. On a récupéré une machine à écrire de Tom Hanks, un vanity case de Catherine Deneuve, etc. » Environ 250 000 € ont pu être collectés et reversés à la plateforme de dons United24, initiée par Volodymyr Zelensky à l’époque. « Ils m’ont ensuite proposé d’en être l’ambassadeur en France ».

« L’Ukraine peut être un point de bascule pour l’Europe »

Sa rencontre avec Kolya, artiste chanteur et poète, engagé pour combattre dès le début du conflit, le mènera jusqu’au front, au contact des Ukrainien(ne)s enrôlé(e)s. « J’y suis allé avec un carnet, un crayon et une interprète. Hors de question d’emporter une caméra, beaucoup n’auraient pas accepté d’être filmés. On a organisé les rencontres sur place pour réunir leurs portraits et leurs témoignages dans un bouquin. J’ai échangé avec des militaires, parfois des hauts gradés, et des engagés. Là-bas, vous retrouvez toute la société civile, tous les métiers. » Avocats, médecins, artistes, fabricants de meubles, mécaniciens, etc. « Tous ont été choqués dans la vie qu’ils étaient en train de construire. Du jour au lendemain, l’Ukraine s’est trouvée menacée et ils l’ont défendue. C’est un endroit qui peut être un point de bascule pour l’Europe. Nous, nous vivons dans un pays en paix, mais en même temps très proche d’une zone de conflit. J’ai le sentiment que la guerre est entrée dans notre quotidien. Et je crois que la démocratie, que je pensais inébranlable, est en danger. »

L’impact psychologique du conflit

Au fil de ce livre, qu’il considère comme « la démarche d’un citoyen bénévole, comme d’autres ont envoyé des dons ou accueilli des familles ukrainiennes », le cinéaste oscarisé aborde, à travers sa plume et ses dessins, la réalité du terrain et l’état d’esprit de celles et ceux qui combattent : les grondements de l’artillerie, les missiles tombant à proximité, les soldats blessés, amaigris et l’impact psychologique du conflit sur eux. « Le front est là où les armées s’arrêtent, décrit-il. Il n’y a pas de caserne, pas de camp militaire. Les combattants vivent dans les immeubles ou dans les maisons abandonnés par les civils. On s’est parfois retrouvé dans des écoles, des chambres d’enfants, etc. Partout, vous avez les traces d’une vie passée. »

« Ils sont du bon côté de l’histoire »

Paradoxalement, malgré l’effroi, la violence de leur quotidien, beaucoup de croquis représentent des Ukrainiens esquissant un sourire. « Ils sont très à l’aise pour dire qu’ils pleurent tous les jours, relate Michel Hazanavicius. Mais la vie reste et les gens ont besoin de rire, même si leur humour est morbide. Tous ces types sont des pacifistes. Ils résistent face à une armée dix fois plus puissante et se sacrifient pour protéger leurs enfants. Ils sont du bon côté de l’histoire, ça fait une différence énorme sur le moral. Et heureusement qu’ils s’engagent. On ne sait pas où ils en seraient aujourd’hui sinon. » Le fruit des ventes de « Carnets d’Ukraine » revient intégralement à United24.
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