C’est un piolet de montagne accompagné de godillots en cuir épais : Isaure Luzet, ancienne cheffe scoute protestante, pharmacienne à Grenoble, montait ainsi à pied ravitailler le maquis du Vercors. Un sac noir de dame à double paroi : Lise London l’utilisait pour passer des messages et sa cachette astucieusement camouflée n’a pas été détectée durant les huit jours d’interrogatoire qu’elle a subis en août 1942. Un corsage en soie de parachute : le « colis » (le parachutiste) ayant été réceptionné et mis en lieu sûr, autant utiliser le tissu en cette période de pénurie, a jugé la résistante anonyme qui l’a cousu.
Citoyennes avant le droit de vote
Plus émouvants encore, ce doudou, le canard Donald, confectionné par des détenues de Châlons-sur-Marne et envoyé à la prison de Rennes à Lise London pour son nourrisson Gérard Ricol, né en captivité. Ou une poupée, « La Marquise » fabriquée au camp de Ravensbrück par Jacqueline d’Alincourt pour son amie Geneviève de Gaulle, otage à l’isolement en raison de son lien avec son oncle Charles, chef des Forces françaises libres.
Chacun des objets réunis pour l’exposition « Résistantes ! » raconte un destin. Tous témoignent pour l’Histoire. Récit national et vie quotidienne, les 156 documents présentés au Musée de l’ordre de la Libération, dans l’enceinte des Invalides à Paris, dessinent un portrait de groupe, celui de femmes qui ont choisi l’héroïsme et le sacrifice. Rejoindre la Résistance leur fut d’autant plus difficile qu’elles n’étaient pas encore des citoyennes à part entière. Le droit de vote ne leur sera accordé que le 21 avril 1944.
Audace et débrouillardise, solidarité et abnégation
« Les femmes sont toujours aux portes de la Cité quand la guerre éclate. Par exemple, elles peuvent être mobilisées, mais pas sans l’autorisation de leur mari », souligne la commissaire Catherine Lacour-Astol, docteure en histoire contemporaine. Cette spécialiste des femmes dans la Résistance a conçu un parcours montrant leur chemin : confrontées au « familiarisme » d’avant-guerre et de Vichy qui les restreint à la sphère du foyer et au rôle de mère, elles s’émancipent par l’école et le patriotisme. « Le choix de rejoindre la Résistance pour une femme représente une double transgression : contre l’ordre allemand et celui de Vichy, mais aussi contre l’ordre social des sexes. Résister au féminin, c’est au sens propre comme au figuré, franchir des lignes ».
Un récit d’audace et de débrouillardise, de solidarité et d’abnégation s’écrit dans les visages des femmes de tous horizons, âges et milieux sociaux qui ont franchi ces lignes : l’exposition en montre 56. Derrière les figures de proue, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Lucie Aubrac, Madeleine Riffaud, combien de résistantes moins connues dont Marie-José Chombard de Lauwe, Simone Michel-Lévy, Agnès de Nanteuil ou mère Yvonne-Aimée, combien d’héroïnes presque oubliées comme Olga Bancic ou Yvonne Le Roux ?
Photos souriantes et lettres d’adieu
Beaucoup de résistantes, restées anonymes, n’ont pas revendiqué à la Libération les honneurs attribués aux combattants. « Nous avons été confrontés à l’invisibilité des femmes dans la Résistance, bien supérieure à celle des hommes qui avaient rejoint ce mouvement clandestin. Nous ne voulions pas seulement présenter une galerie de portraits, mais nous inscrire dans le quotidien de ces femmes et de leur engagement », précise le commissaire Vladimir Trouplin, conservateur du Musée de l’ordre de la Libération.
Les historiens estiment que les femmes représentaient 10 à 12 % des effectifs de la Résistance (lire en repères). L’exposition illustre leurs rôles au plus concret, avec la bicyclette d’une agente de liaison, les ronéos de celles qui imprimaient clandestinement des tracts, les petits revolvers cachés au fond des sacs à main. Elle documente leurs souffrances avec les poignants croquis de France Hamelin à la prison de la Petite-Roquette à Paris ou le cortège d’ombres dessiné par Éliane Jeannin-Garreau à Ravensbrück. Elle témoigne de leur courage à travers leurs photos souriantes ou leurs lettres d’adieu. Le parcours les suit jusqu’à la victoire avec cette preuve éclatante, la guitare d’Anna Marly, compositrice du Chant des partisans.
« Résistantes ! France, 1940-1944 », Musée de l’ordre de la Libération – Hôtel national des Invalides à Paris, jusqu’au 13 octobre
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Les femmes dans la Résistance
Répression. Les résistantes n’étaient pas fusillées (châtiment militaire réservé aux hommes), mais déportées ou guillotinées en cas d’exécution capitale. Un déporté de répression sur dix est une femme. La majorité est envoyée à Ravensbrück. Sur 8 000 résistantes déportées, plus de 1 500 ne sont pas revenues.
Reconnaissance. Six femmes figurent parmi les 1 038 Compagnons de la Libération, et plus de 5 600 parmi les 65 000 médaillés de la Résistance.
Lire. Le catalogue de l’exposition Résistantes ! France 1940-1944, dirigé par Catherine Lacour-Astol et Vladimir Trouplin, HD éditions/Ordre de la Libération, 192 p., 21 €.
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