Elle a connu l’indicible durant des mois il y a de cela près de 80 ans. En ce 6 mai 2024, la Butte des fusillés se souvient. De Robert Tritant et Roger Fleury, fusillés à 7 h 32 le 6 mai 1944. De Marcel Bertin et Robert Clément tombés quelques minutes plus tard, à 7 h 41. Et enfin de Charles Robinot qui s’éteignit à 7 h 51.
Tous étaient membres du groupe CDLR-BOA de Châlons-sur-Marne, dit groupe Tritant, et ont été condamnés à mort le 24 avril 1944 par le tribunal militaire de la FK 531 de Châlons-sur-Marne pour avoir entre autres fomenté des attentats contre des installations ferroviaires. Impossible de ne pas imaginer leurs derniers instants, quand adossés à des poteaux et songeant à leurs proches, ils faisaient face aux fusils allemands. « Leur héroïsme a transfiguré la laideur de la guerre », salue l’historien local Hervé Chabaud, ancien rédacteur en chef de L’union, au moment de prendre la parole ce 6 mai 2024 lors de la cérémonie commémorative organisée par l’Office national des combattants et victimes de guerre de la Marne et d’en appeler, plus que jamais, au devoir de mémoire. « Alors que le moment vient où la mémoire qui se transmettait à l’oral bascule vers l’Histoire, soyons fiers et dignes des résistants marnais fusillés et de tous leurs camarades de l’Armée des ombres. Dites qui ils étaient. Retenez et expliquez le message qu’ils nous ont laissé, confiant dans notre capacité à le promouvoir. »
« Nous avons fait de nos visites à la Butte des fusillés, un moment d’éducation pour nos enfants. Un moment qui réunit et soude toute la famille »
Des mots qui n’ont pu que toucher l’assistance, composée des descendants des résistants et notamment ceux des familles Bertin et Tritant. Pour cette dernière, cette cérémonie commémorative est un rendez-vous annuel. « Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a toujours eu des membres de ma famille qui y ont assisté », témoigne Jean-Marie Tritant, l’un des petits-fils de Robert, cet aïeul qui créa au début de l’année 1943 un groupe de résistants qui prit son nom et qui compta rapidement une soixantaine de membres.
L’engagement de celui-ci, son combat, son sacrifice, tous ont grandi et se sont construits avec cet héritage. « Nous n’avons jamais connu mon grand-père mais le message qu’il nous transmet encore aujourd’hui est une ode à la liberté, poursuit le père de famille résidant en région parisienne, attaché à ce pèlerinage marnais annuel. Nous avons fait de nos visites à la Butte des fusillés, un moment d’éducation pour nos enfants. Un moment qui réunit et soude toute la famille. »
« Ne m’oublie pas. Parle souvent à nos enfants de moi »
À quelques mètres de là, une autre famille est elle aussi dans le recueillement. Celle de Marcel Bertin, connu notamment pour avoir participé à des parachutages et à des sabotages de voies ferrées à Loisy-sur-Marne et à Coolus. Arrivée de Haute-Savoie ce week-end avec sa famille, l’arrière-petite-fille du résistant, Julie Cally, a tenu à se rendre au monument aux morts de Romagne-sous-les-Côtes, dans la Meuse, où repose son aïeul. « Au décès de ma grand-mère en 2008, j’ai récupéré des documents retraçant leurs parcours de résistants à tous les deux. En parallèle, j’ai fait des recherches. »
Elle récupère ainsi la lettre adressée par Marcel à son épouse. Les derniers mots d’un mari attentionné et d’un père aimant qui ne verra pas grandir ses enfants et qui ont résonné sur la Butte des fusillés par l’intermédiaire de leur descendante : « Raymonde chérie, je te demande de bien gâter nos enfants. Ils n’auront plus les caresses de leur papa chéri vu qu’on leur prend. Je te demande de leur donner tout l’amour que tu avais pour moi. Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi depuis mon arrestation. Je t’ai causé beaucoup de dérangements et je ne peux pas te le rendre en baisers. Je te serre fort dans mes bras. Ne m’oublie pas. Parle souvent à nos enfants de moi. » « Cette cérémonie a été l’occasion de réunir toute la famille et de rendre concret cette histoire pour mes enfants », témoigne avec émotion Julie Cally, avant d’aller se recueillir en famille devant les poteaux où les membres du groupe Tritant ont perdu la vie.
Et Hervé Chabaud de déclarer, telle une supplique adressée à chacun : « Ils sont tombés pour que la France soit plus belle, les générations à venir dont nous faisons partie plus heureuses et vigilantes, fortifiées par les valeurs humanistes qui sont autant d’oxygène pour notre pacte républicain. Ne les décevons jamais. »
Cet article a été prélevé d’internet par la rédaction de acvg-chalons.fr pour la bonne raison que ce dernier figurait dans les colonnes d’un blog dédié au thème « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne ». Cette chronique a été générée de la manière la plus complète que possible. Pour émettre des observations sur ce dossier autour du sujet « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne », merci de contacter les contacts indiqués sur notre site web. acvg-chalons.fr est une plateforme numérique qui compile de nombreux posts publiés sur le web dont la thématique principale est « Ancien Combattants de Chalons-en-Champagne ». En visitant de manière régulière nos pages de blog vous serez informé des futures annonces.